Légende pour la notation des films

Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




dimanche 24 avril 2016

JERSEY SHORE SHARK ATTACK

JERSEY SHORE SHARK ATTACK
(Jersey Shore Shark Attack)

Réalisateur : John Shepphird
Année : 2012
Scénariste : Michael Ciminera, Richard Gnolfo
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Jack Scalia, Jeremy Luke, Joseph Russo, Melissa Molinaro...



L'HISTOIRE : Les vibrations provoquées par une foreuse en pleine mer attirent une dizaine de requins taureaux albinos à Jersey Shore, lors du week-end du 4 juillet. Alors que le gang des italiens se chamaillent avec les américains pur souche, plusieurs disparitions se succèdent et des corps déchiquetés sont retrouvés sur la plage. Entre deux querelles avec Nooki, son ex-petite amie, TC et sa bande vont enquêter ses ces morts et découvrir la nature de la menace qui pèse sur Jersey Shore et sa population...


MON AVIS : En 2009, la chaîne MTV diffuse l'émission de télé-réalité Bienvenue à Jersey Shore, qui suit la vie de huit colocataires italo-américains qui doivent cohabiter dans une somptueuse villa à Jersey Shore, dans le New Jersey. L'émission a eu plusieurs saisons, avec les mêmes participants se déplaçant dans d'autres villes. Pourquoi je vous raconte ça ? Tout simplement parce que je viens moi-même de l'apprendre et que la vision de Jersey Shore Shark Attack serait susceptible d'être plus digeste si vous êtes fan de cette émission puisque cette production Sy-Fy de John Shepphird (et accessoirement de Fred Olen Ray) s'en inspire fortement, n'hésitant pas à parodier (?) les protagonistes de l'émission à travers les personnages ("Snooki" devient ici "Nooki" et j'en passe...). Toujours est-il que même si le fait de connaître l'émission de télé-réalité dont s'inspire ce film peut le rendre plus sympathique, le constat au final ne peut guère évoluer : on est en présence d'un pur nanar (beaucoup diront navet) dont le seul but est de divertir en amplifiant sciemment tous les clichés possibles et imaginables. Les mecs ont tous des abdominaux en béton et passent le plus clair de leur temps torse nu (la Fred Olen Ray's touch ?), les filles sont toutes des bimbos décérébrées à la poitrine généreuse et les situations lorgnent vers la teen-comédie américaine et ne s'imposent aucune limite dans le ridicule, ce qui, en soi, est parfaitement adapté à une parodie d'émission de télé-réalité. Maintenant, il faut bien avouer qu'il faut être extrêmement réceptif pour apprécier ce Jersey Shore Shark Attack. A la rigueur, le concept du film en lui-même n'est pas un problème et on aurait pu se retrouver avec un délire fun et jouissif, à l'image du Piranha 3D d'Alexandre Aja par exemple. Malheureusement, si tout le casting à la tête de l'emploi et remplit parfaitement son rôle, les effets-spéciaux viennent tout gâcher et tirer le film vers les profondeurs abyssales de la nullité. Si certains effets gore semblent réalisés à l'ancienne, la quasi-majorité des FX sont en images de synthèse et là, c'est juste atroce. Quand on voit le graphisme des nouveaux jeux PS4 et qu'on voit les requins taureaux albinos (oui, oui, albinos !) de Jersey Shore Shark Attack, on se dit qu'on vient de faire un bond dans le passé d'une vingtaine d'années et que même la Playstation 1 avait de plus beaux graphismes ! Réalisme qui atteint le néant absolu pour un effet risible au possible. On n'arrive même pas à prendre le film en pitié ou à se dire "ok, c'est un nanar, on passe l'éponge". C'est dommage parce qu'un minimum d'effort au niveau visuel et rendu des images de synthèses auraient pu profiter au film et en faire une comédie horrifique certes oubliable mais sympathique. Là, il faut vraiment être de très bonne humeur ou dans un état d'esprit on ne peut plus positif pour se laisser atteindre ou profiter du spectacle. Bref, vous savez à quoi vous attendre maintenant, je laisse la vision de Jersey Shore Shark Attack à l'appréciation de chacun...

NOTE : 1/6


samedi 16 avril 2016

CUJO

CUJO
(Cujo)

Réalisateur : Lewis Teague
Année : 1983
Scénariste : Don Carlos Dunaway, Lauren Currier
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Dee Wallace, Daniel Hugh Kelly, Danny Pintauro, Christopher Stone ...



L'HISTOIRE : Cujo est un gentil saint-Bernard qui vient d'être mordu par une chauve-souris porteuse de la rage. Il vit chez Joe Camber, un garagiste dont l'atelier est situé à l'extérieur de la petite ville de Castle Rock. De plus en plus agressif, Cujo tue le voisin de son maître puis ce dernier. C'est ce jour que Donna Trenton, accompagné par son jeune fils Tad, décide d'amener sa voiture au garage de Joe Camber pour la faire réviser. La mère et l'enfant ne savent pas qu'ils vont vivre deux journées de terreur, pris au piège dans leur voiture, unique protection contre la fureur de Cujo...  

MON AVIS : Stephen King, ainsi que ses millions de fans, a souvent regretté que les adaptations cinématographiques de ses romans ne soient pas à la hauteur des attentes. En 1983, il supervise avec les scénaristes Don Carlos Dunaway et Lauren Currier l'adaptation de son livre Cujo. Il parvient également à imposer le réalisateur Lewis Teague aux producteurs. Ce dernier s'était illustré dans le domaine du film d'agression animale en 1980 avec L'Incroyable Alligator. En lui confiant la réalisation de Cujo, Stephen King a vu juste. Lewis Teague livre en effet non seulement l'une des meilleures adaptations d'un livre du King mais également l'un des meilleurs films mettant en scène la lutte entre un humain et un animal. Comme d'habitude chez le maître de l'épouvante littéraire, l'horreur va venir s'immiscer dans la vie d'une petite famille du Maine. Ici, c'est la famille Trenton, composée du père Vic Trenton (Daniel Hugh Kelly), de la mère Donna Trenton (Dee Wallace) et du petit Tad Trenton (Danny Pintauro, qu'on retrouvera entre 1984 et 1992 dans la série Madame est Servie au côté de la sublime Alyssa Milano). Habile, le romancier (et donc le film par la même occasion) évoque les peurs enfantines (le monstre du placard qui a terrorisé des générations d'enfants), fait dire aux parents que "les monstres ça n'existe pas" et envoie notre pauvre petit chérubin et sa mère dans les pattes d'un croque-mitaine terrifiant car bien réel : un saint-Bernard atteint de la rage, véritable monstre de puissance qui offre à Cujo des séquences flippantes de réalisme (l'attaque de la voiture, les coups portés aux portières, aux vitres) et qui bénéficient de la mise en scène énergique de Lewis Teague. Dire qu'on aimerait pas être dans la voiture relève de l'euphémisme tant on sent dans notre propre être la fureur dévastatrice qui anime cette grosse boule de poil à quatre pattes. On félicitera les dresseurs et les différents chiens utilisés pour le film car ils ont fait un travail vraiment méritoire et qui transparaît parfaitement à l'écran. Il en va de même par l'actrice Dee Wallace et le petit Danny Pinturo, qui offrent tous deux une composition saisissante, parvenant à nous faire ressentir tout le stress de la situation. Chaque tentative pour sortir de la voiture fait monter la tension, aussi bien chez les personnages que chez le spectateur, car on sait que, tapis dans l'ombre, Cujo attend la moindre occasion pour frapper. Ce huis clos infernal est de plus renforcé par d'autres événements qui viennent amplifier le climat de détresse : soleil à son zénith qui fait ressembler l'intérieur du véhicule à un sauna, état physique de l'enfant proche de la déshydratation mortelle, panne de batterie viennent donc compliquer les choses et même l'intervention d'un policier ne sera pas d'une grande utilité face à un Cujo de plus en plus monstrueux physiquement, la dégénérescence de son apparence via le virus de la rage étant superbement retranscrit par les maquillages. Si on se posera la question de savoir si Stephen King joue au moraliste (Donna Trenton trompe son mari, Cujo est-il la matérialisation de ses péchés ?), on sera en tout cas enchanté par ce film de Lewis Teague, dont on regrettera seulement qu'il n'a pas gardé la fin du roman, plus nihiliste et plus sombre puisque sans happy-end. Cujo est toujours efficace de nos jours et mérite vraiment d'être redécouvert si vous êtes amateur de films d'agressions animales.

NOTE : 4/6


vendredi 15 avril 2016

SŒURS DE SANG

SŒURS DE SANG
(Sisters)

Réalisateur : Brian de Palma
Année : 1973
Scénariste : Brian de Palma, Louisa Rose
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Margot Kidder, Jennifer Salt, Charles Durning, William Finley...



L'HISTOIRE : Danielle Breton ramène chez elle le beau Phillip Woode, qu'elle vient de rencontrer lors d'un jeu de télévision. Dans l'appartement, Phillip entend Danielle se disputer avec sa sœur Dominique. Danielle lui apprend que Dominique est sa sœur jumelle et qu'elle ne supporte pas qu'elle ramène des hommes chez elle. Pour fêter l'anniversaire des deux sœurs, Phillip va acheter un gâteau. En rentrant chez Danielle, il est violemment agresser à coups de couteau. De la fenêtre de l'immeuble d'en face, la journaliste Grace Collier est témoin du meurtre. Elle prévient la police mais ceux-ci doute de la véracité de ses propos. Surtout que Danielle reçoit la visite d'Emil, son ex-mari qui l'aide à faire disparaître les preuves du massacre. Mais Grace Collier n'entend pas lâcher l'affaire et engage un détective privé...

MON AVIS : Premier grand film de Brian de Palma qui puise chez son maître Alfred Hitchcock (on sent les influences de Psychose, Sueurs froides, Fenêtre sur Cour par exemple) sans jamais copier mais en adaptant la mécanique hitchockienne à ses projets, Sœurs de Sang est un thriller qui joue avec les thèmes de la gémellité (à son état extrême puisque Danielle et Dominique sont sœurs siamoises) et de la schizophrénie avec une virtuosité certaine. La mise en scène du réalisateur fait des merveilles et la séquence du meurtre est un petit bijou d'orchestration filmique. Brian de Palma utilise ce qui sera sa marque de fabrique dans ses futures œuvres (split-screen, jeu avec le spectateur sur ce qu'il voit mais qui n'est peut-être pas la vérité, comme dans l'astucieuse introduction du film nous présentant Danielle et Phillip...) lors de cette scène magistrale dans laquelle on voit ce qui se passe à l'intérieur de l'appartement mais aussi comment la journaliste la voit de la fenêtre de son propre appartement. Il continuera d’utiliser le split-screen juste après le meurtre et on assiste, amusé mais aussi fasciné par cette mise en scène diabolique, au maquillage du meurtre par l'ex-mari de Danielle pendant que la journaliste appelle la police et rate donc le principal ! Le suspense est à son comble lorsque la police débarque chez Danielle et que la journaliste fouine un peu partout sans rien trouver alors que nous, spectateur, savons exactement ce qu'il en est et où se cache le cadavre. Du bien bel ouvrage ! La suite sera un peu plus classique mais nous donnera l'occasion d'en apprendre plus sur le cas Danielle et Dominique. Images d'archives en noir et blanc, visite dans un centre psychiatrique, la vie des deux sœurs siamoises nous est alors révélée dans toute son horreur et sa dramaturgie. On pense parfois au Freaks de Tod Browning devant les cas pathologiques présentés ou ces images d'exhibition de personnes siamoises dans des fêtes foraines et Sœurs de Sang devient assez malsain dans son traitement et notamment dans la relation entre Emil et les deux siamoises. Amoureux de Danielle, Emil ne peut vivre son amour pleinement à cause de Dominique, attachée à sa sœur. L'acte de séparation devient une évidence pour le couple mais ils ne se doutent pas de l'impact psychologique qu'il va déclencher chez Danielle. Porté par l'interprétation de Margot Kidder et l'inquiétant William Finley, mais aussi par la musique de Bernard Hermann, Soeurs de Sang est vraiment intéressant sur bien des points et même si le film a pris une petit coup de vieux et que la partie centrale est un peu mollassonne, il reste une pierre angulaire de la filmographie de Brian de Palma.

* Disponible chez WILD SIDE VIDEO

NOTE : 4/6



mercredi 13 avril 2016

ROBOCOP (2014)

ROBOCOP
(Robocop)

Réalisateur : José Padilha
Année : 2014
Scénariste : Joshua Zetumer, Edward Neumeier, Michael Miner
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Joel Kinnaman, Gary Oldman, Michael Keaton, Abbie Cornish, Jackie Earle Haley...



L'HISTOIRE : En 2029, la criminalité ne cesse d'augmenter. La société OmniCorp a mis au point des cyborgs capable de gérer des conflits dans les pays étrangers. Mais en Amérique, le sénat, ainsi qu'une grande majorité de la population, refuse de donner son accord pour que des robots patrouillent dans les rues afin de faire régner l'ordre. Jusqu'au jour où le policier Alex Murphy est victime d'un attentat qui ne lui laisse quasi aucune chance de survivre. Un sujet de choix pour le scientifique Dennett Norton qui parvient à sauver Murphy en le transformant à son tour en cyborg. Mais à la différence des autres prototypes, il a laissé à Murphy sa part de conscience...

MON AVIS : L'annonce d'un remake du Robocop de Paul Verhoeven ne m'avait guère emballé et voir le résultat ne m'a jamais paru une nécessité, le film de 1987 étant pour moi un classique majeur qui n'a pas besoin d'être remis au goût du jour. Ce Robocop 2014 étant diffusé sur une chaîne du satellite, j'en ai toutefois profité pour le visionner en cette journée du 12 avril 2016, ne voulant pas mourir idiot ou passer à côté d'un film divertissant et énergique. A l'arrivée, j'aurais dû rester sur ma première impression, ce qui m'aurait évité de perdre mon temps. Ce n'est pas que le film de José Padilha soit si désagréable que ça (encore que...), c'est juste qu'il n'apporte absolument rien de neuf à l'original. Scénarisé par Edward Neumeier et Michael Miner (les scénaristes de la version 1987 !), Robocop 2014 reprend à peu de chose près les thèmes du film de Verhoeven : des robots "sans conscience" représente-t-il un danger pour les humains puisque se contentant de suivre un programme et ne s'adaptant pas aux situations ? Un robot avec "une conscience" sera-t-il aussi efficace si ses émotions le régissent ? Et quel sera la place de "cette conscience" dans son corps de métal ? Rien de neuf à l'horizon donc. On a également droit au journal télévisé, peut-être plus percutant dans cette version moderne puisque le présentateur (Samuel L. Jackson) prend directement parti pour l'adoption du texte permettant à OmniCorp de placer ses cyborgs dans les rues américaines, vantant la puissance de l'Amérique et accusant directement le sénat d'être à la solde des voyous puisque refusant que des robots nettoient les rues de la criminalité. Une approche politique qu'on trouvait aussi dans le film de Verhoeven mais encore plus développée ici et qui met en avant le pouvoir des médias sur la foule, parvenant à faire influer ses choix par des campagnes publicitaires bien ciblées. Par contre, l'amateur venu voir un film d'action énergique bénéficiant des dernières technologies en terme d'effets-spéciaux en sera pour ses frais. Bien sûr, les effets-spéciaux tiennent la route (manquerait plus que ça !) mais quel manque de punch dans les scènes de combats ! Il n'y a aucune séquence d'action de Robocop 2014 qui donne la banane. Même la séquence dans laquelle Murphy-Robocop doit faire ses preuves en éliminant des dizaines de cyborgs est d'une mollesse à faire peur, là où chaque apparition de Robocop dans le film de 1987 nous faisait avoir la bave aux lèvres. Il en va de même pour la première introduction à l'écran du héros-titre. On ne ressent absolument rien le concernant, aucune empathie ni aucune jubilation. Il est là, c'est bien. Je n'ai pas trouvé la nouvelle armure très efficace d'ailleurs, mon côté nostalgique préférant mille fois celle de 87. Comme quoi la modernité ne fait pas tout. On appréciera les quelques clin d'oeil censés faire plaisir aux fans de l'original, comme une petite utilisation du thème musical, une vision de l'armure de 87 ou la présence d'ED 209 en version plus moderne mais qui n'est plus ici qu'un simple faire-valoir et n'a pas grande utilité. Pour corser le tout, le film est exempt de toute violence frontale et de tous effets gore. Exit également le méchant charismatique comme pouvait l'être le psychotique Clarence Bodicker dans la version 87. En lieu et place, on a un pauvre trafiquant dont on oublie l'existence en une fraction de seconde. Et ce n'est pas la présence de Michael Keaton, Jackie Earle Haley ou de Gary Oldman (qui s'en sort plutôt bien pourtant) qui va venir rehausser l'intérêt de ce remake hautement dispensable. Bref, encore un remake raté qui aurait mieux fait de rester dans les cartons des producteurs.

NOTE : 1/6


mardi 12 avril 2016

L’ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS

L’ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS
(L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps)

Réalisateur : Hélène Cattet, Bruno Forzani
Année : 2013
Scénariste : Hélène Cattet, Bruno Forzani
Pays : France, Belgique, Luxembourg
Genre : Giallo
Interdiction : -16 ans
Avec : Klaus Tange, Ursula Bedena, Joe Koener, Birgit Yew, Anna D'Annunzio...



L'HISTOIRE : Alors qu'il rentre d'un voyage d'affaire, Dan Kristensen trouve l'appartement de sa femme, portant fermé de l'intérieur, vide de toute présence humaine. Se questionnant sur la disparition de son épouse, il se met à enquêter et va sombrer peu à peu dans un cauchemar sans fin...


MON AVIS Hélène Cattet et Bruno Forzani sont des fans inconditionnels du giallo, ces fameux thrillers italiens popularisés par Dario Argento ou Sergio Martino entre autre. En 2009, ils décident de redonner ses lettres de noblesse à ce genre disparu et réalisent Amer, qui connaîtra un franc succès auprès des aficionados. Ils récidivent quatre ans après avec L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps, titre magnifique comme peut l'être l'affiche du film, une pure merveille picturale. Une fois la vision de leur second long métrage terminée, j'étais un peu déboussolé car si le film possède d’indéniables qualités, il se révèle également des plus hermétiques au niveau de son scénario et il faut bien reconnaître qu'on ne comprend pas grand-chose à l'histoire, si histoire il y a. Car L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps est avant tout un film-fantasme, virevoltant dans le domaine de l'expérimental, se montrant jusqu'au-boutiste dans son refus de linéarité, dans son absence de repères qui permettraient aux spectateurs de rassembler les morceaux d'un puzzle qu'ils ne parviendront jamais à remettre en ordre ou à terminer. Graphiquement époustouflant, L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps est une expérience autant visuelle que sensorielle. Le travail sur les couleurs, sur les jeux de lumière est extraordinaire et d'une richesse impressionnante. Idem au niveau du travail sur le fond : le film "respire" réellement, tout comme les soupirs et gémissements qui émanent des murs de l'immeuble dans art-déco dans lequel vit le héros et quelques autres personnages intrigants qui vont et viennent dans ce dédale labyrinthique ciselé façon Mario Bava et qui renvoie tout autant à David Lynch pour l'aspect non-sensique qui prédomine et qui ne fait que s’accroître et s'accentuer au fil des minutes qui passent. Dans ce maelström de couleurs et de sonorités qui nous ramène autant à Suspiria qu'à Inferno du maître Dario Argento, s'éparpillent des visions de femmes, de meurtres, de lame de rasoir tailladant la chair, de lame de couteau perforant la peau de façon hautement sexuée ou de flashback en noir et blanc. Les codes du giallo sont bien sûr on ne peut plus respectés dans ce néo-giallo et il est quand même dommage au final que les deux réalisateurs n'offrent pas au spectateur plus de clés lui permettant de comprendre leur film. Si L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps est une oeuvre qui mérite assurément d'être visionnée, tant elle détonne dans le paysage français, tant elle fait preuve d'un partie-pris qui refuse la facilité et pousse son concept dans ses derniers retranchements, elle risque de laisser sur le carreau beaucoup de monde et notamment tous ceux qui aiment qu'un film leur raconte une histoire. Pas évident donc de mettre une note à ce trip cauchemardesque. Il faudra à mon avis plus d'une vision pour tenter de décrypter ce film...  

NOTE : 3/6


lundi 11 avril 2016

L'AVENTURE DE MME MUIR

L'AVENTURE DE MME MUIR
(The Ghost and Mrs. Muir)

Réalisateur : Joseph L. Mankiewicz
Année : 1947
Scénariste : Philip Dunne
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Fantastique, Romance
Interdiction : /
Avec : Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood...



L'HISTOIRE : Après la mort de son mari, Lucy Muir désire s'émanciper de sa belle famille et part avec sa fille et sa gouvernante s'installer au bord de mer. Elle veut louer un ravissant cottage inhabité depuis quatre ans mais le loueur lui déconseille, la rumeur voulant que la demeure soit hantée par son ancien propriétaire, le capitaine Gregg. Ne croyant pas à ces superstitions, Lucy Muir emménage dans le cottage. Peu de temps après, il lui faut se rendre à l'évidence : le fantôme du capitaine Gregg existe bel et bien. D'abord houleuse, la relation entre Lucy Muir et son drôle de fantôme va prendre une tournure inattendue...

MON AVIS : Dieu que ce film est magnifique. Un pur bijou, de ceux qui font aimer le cinéma. Réalisateur du somptueux Le Château du Dragon en 1946, dans lequel il faisait déjà jouer Gene Tierney, le talentueux Joseph L. Mankiewicz livre avec L'Aventure de Mme Muir la plus parfaite des romances fantastiques. Avec un sujet somme toute assez banal (une veuve tombe amoureuse, et réciproquement, du fantôme qui hante sa maison), Mankiewicz transcende le scénario de Philip Dunne (adaptation du roman de Josephine Leslie) et offre au spectateur une oeuvre touchante et émouvante. Il faut dire qu'il a bénéficié du talent et du charisme de ses deux acteurs principaux, à savoir la sublime Gene Tierney (que votre hôte n'hésite pas à proclamer "plus belle actrice du cinéma") et le classieux Rex Harrison. La performance des deux comédiens et l'alchimie quasi divine qu'ils développent entre eux sont assurément la pièce maîtresse de L'Aventure de Mme Muir. Il est tout simplement impossible d'imaginer deux autres acteurs une fois la vision du film terminée. Gene Tierney interprète donc Lucy Muir, une veuve qui n'a jamais vraiment été touché par la flèche de Cupidon et qui avouera que son mariage ne lui a pas donné satisfaction, la réalité ayant pris le pas sur les romans d'amour qu'elle lisait. Sa rencontre avec un fantôme bougon, à l'ego surdimensionné mais au cœur tendre, va venir chambouler sa vie et refaire naître la flamme dans tout son être. Une romance vouée à l'échec bien sûr puisqu'on ne peut pas avoir une relation avec un fantôme. Une situation compliquée pour Lucy Muir, qui finira par succomber au charme d'un écrivain pour enfant, interprété par un George Sanders un peu fade il faut bien le reconnaître. Une nouvelle liaison qui mettra fin à l'existence du capitaine Gregg lors d'une scène absolument magnifique dans laquelle Rex Harrison, contemplant Gene Tierney endormie, s'avoue vaincu face à ce nouveau prétendant fait de chair et de sang et offre à sa dulcinée la possibilité de vivre pleinement sa nouvelle vie en lui faisant croire que tout ce qui s'est passé entre eux n'était qu'un rêve. Une séquence (parmi tant d'autre) qui confine au sublime, élevant le romantisme dans une dimension de pureté insoupçonnée. Si L'Aventure de Mme Muir est transfigurée par ses deux interprètes, elle l'est aussi par la photographie éblouissante et par la mise en scène de Mankiewicz qui fait des merveilles. La première journée dans la maison du capitaine Gregg permet au réalisateur de s'amuser avec les codes du cinéma d'épouvante et de créer une ambiance gothique que n'aurait pas renié les futurs classiques du genre. Eclairage à la bougie, orage violant, éclair faisant apparaître des ombres et présence invisible vont venir effrayer la pauvre Gene Tierney, qui, bien qu'apeurée, se montrera forte et ne se laissera pas intimider par le capitaine Gregg. Les premiers dialogues entre les deux personnages sont savoureux et laissent présager quelques confrontations épiques, chacun ayant un caractère bien trempé. Le film devient donc ensuite une comédie romantique au charme certain, n'ennuyant jamais, et surtout, ne sombrant jamais la mièvrerie qui aurait pu rendre ridicule cette love-story irréelle. L'aspect dramatique interviendra vers la fin du métrage et on se prend d'une réelle empathie pour Mme Muir, être solitaire qui vieillie sans avoir trouvé l'amour. L'ultime séquence viendra alors nous rendre le sourire et c'est bien la seule fin envisageable qu'on puisse accepter, concluant de manière parfaite ce poème romantique qui nous a bercé durant 104 minutes, accompagné par une partition musicale due à Bernard Hermann en parfaite adéquation avec les images qu'elle illustre. Lyrique, mélancolique, inspiré, passionné, L'Aventure de Mme Muir est assurément l'un des plus beaux films que le cinéma nous a offert. Une série télévisée a vu le jour en 1968, avec Hope Lange et Edward Mulhare dans les rôles principaux.

NOTE : 6/6



dimanche 10 avril 2016

LES INTOUCHABLES

LES INTOUCHABLES
(Gli Intoccabili / Machine Gun McCain)

Réalisateur : Giuliano Montaldo
Année : 1969
Scénariste : Mino Roli
Pays : Italie
Genre : Policier
Interdiction : /
Avec : John Cassavetes, Britt Ekland, Peter Falk, Gabriele Ferzetti, Gena Rowlands...



L'HISTOIRE : Célèbre braqueur de banques, Hank McCain vient de sortir de prison après y avoir passé douze années de sa vie. Son fils Jack vient le chercher et lui annonce qu'il a pour projet de braquer Le Royal, un nouveau casino très en vogue actuellement. Hank accepte de l'aider. Ce qu'il ne sait pas, c'est que le casino appartient à Don Francesco DeMarco, parrain de la mafia. Il ignore également que son fils agit sur les ordres de Charlie Adamo, caïd de la mafia nouvellement nommé  par DeMarco pour diriger la Côte Ouest. Mais Adamo se retrouve pris à la gorge car lui non plus n'est pas au courant que Le Royal appartient à son patron. Il va tenter d'annuler l'opération mais Hank McCain n'est pas décidé à abandonner un casse à deux millions de dollars. Il va entrainer dans l'aventure la jeune Irène Tucker, avec qui il va se marier...

MON AVIS : Film à ne pas confondre avec le succès français mettant en vedette Omar Sy et François Cluzet, Les Intouchables est un petit polar italien plutôt agréable à suivre malgré un manque flagrant de scènes de violence ou d'action et un rythme assez lancinant. Il a pour lui d'avoir John Cassavetes dans le rôle principal et Peter Falk dans celui du caïd de la mafia Charlie Adamo. C'est d'ailleurs lors du tournage de ce film que ces deux acteurs vont devenir des amis inséparables. Cassavetes interprète un truand assez froid, nihiliste, possédant un ego fort, et qui ne reculera devant rien pour mener son projet à bien. Sûr de lui, agissant avec précision, on sent qu'il a de la bouteille dans ce métier. Sa romance avec la sublime Britt Ekland vient adoucir quelque peu son personnage mais en rien sa détermination. La jeune femme deviendra sa complice et lui sera d'une aide précieuse. Peter Falk campe un truand colérique, avide de pouvoir. Il assure d'ailleurs plutôt bien dans ce registre et se révèle crédible. Sa soif d'ascension dans la hiérarchie de la mafia le conduira à commettre quelques erreurs et à se mettre à dos Don Francesco DeMarco, superbement interprété par Gabriele Ferzetti. La mise en scène du film, due à Giuliano Montaldo, est assez classieuse et raffinée. La photographie est très belle et les virées à Las Vegas des protagonistes participent à créer un climat parfaitement adapté à un film de mafia. Scènes de casino, rencontre entre mafieux, punition expéditive, interrogatoire violent, hommes de main méthodique et sans pitié, on a tous les éléments qui feront par la suite le succès de films tels Le Parrain, Les Affranchis ou Casino. Les Intouchables se montre évidemment bien plus modeste que les classiques précités mais parvient à faire illusion sans trop de difficulté. On aurait aimé un peu plus de nervosité ou un peu plus de rafales de mitrailleuses mais le réalisateur préfère suivre au plus près le destin de Hank McCain. De sa sortie de prison à la préparation de son casse puis de sa fuite en compagnie de sa ravissante épouse, rien n'échappe à l’œil de la caméra de Giuliano Montaldo. Et surtout pas la rencontre avec son ex-compagne de braquage, interprétée par Gena Rowlands, madame John Cassavetes dans la vie. Chouette. On notera par contre quelques menus soucis au niveau de la facilité du scénario ou du comportement de certains personnages (la première rencontre entre Cassavetes et Britt Ekland est assez froide, même quand ils font l'amour et le lendemain, elle lui dit qu'elle l'aime, avec un grand sourire et vont se marier...). Parfois, on se demande si le film sait sur quel pied danser (film de mafia puis film de hold-up puis film de vengeance) mais au final, avec son rythme contemplatif et son casting, Les Intouchables s'en sort bien et se révèle être une découverte intéressante sans être transcendante, portée par une partition musicale d'Ennio Morricone qu'on a connu plus inspiré. Un bon film, un peu trop classique, un peu trop rigide certes, mais pas déplaisant en tout cas et qui devrait satisfaire les fans de polar 50's.

* Disponible en BR chez Blue Underground

NOTE : 4/6


samedi 9 avril 2016

LA NUIT DES MORTS VIVANTS

LA NUIT DES MORTS VIVANTS
(The Night of the Living Dead)

Réalisateur : George A. Romero
Année : 1968
Scénariste : Geroge A. Romero, John A. Russo
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Duane Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman, Keith Wayne...



L'HISTOIRE : Alors qu'ils se rendent sur la tombe de leur père, Barbara et son frère Johnny sont agressés par un individu au comportement étrange. Son frère s'étant brisé le crâne sur une pierre tombale suite à une chute provoquée par l'individu agressif, Barbara prend la fuite et trouve refuge dans une maison isolée. Elle est rejointe par Ben qui tente lui aussi d'échapper à ce qui semble bien être des morts vivants. Après avoir barricadé portes et fenêtres, Ben et Barbara découvre qu'un petit groupe d'individus se sont réfugiés à la cave...

MON AVIS : Pour comprendre la renommée et le culte qui entoure La Nuit des Morts Vivants, il faut se replonger en 1968. Hormis Psychose en 1960, le cinéma d'épouvante (et pas encore "d'horreur") mettait principalement en vedette les grandes figures du cinéma fantastique, à savoir vampires, créature de Frankenstein, momies, loups-garous, monstres divers, extra-terrestres repoussants ou fantômes vengeurs, le tout dans une mise en scène grandiloquente, presque théâtralisée. Les films de la Hammer faisaient exploser leurs somptueuses couleurs sur l'écran, le sang (trop rouge) commençait à se déverser sur les acteurs et l'érotisme sulfureux suintait du corps d'actrices pulpeuses, tantôt victimes ou bourreaux au gré des scénarios qui misaient souvent sur la lutte du bien contre le mal. L'horreur se vivait dans des châteaux gigantesques, dans des laboratoires dernier cri, tant est si bien que, malgré le succès de ces œuvres dont certaines sont de purs classiques, le spectateur de l'époque, s'il était terrifié lors de la projection, se retrouvait en sécurité une fois chez lui. La grande force du film de Romero est d'avoir créé une "horreur réaliste", évacuant toutes les légendes et autre mythe vaudou concernant le zombi pour lui donner une crédibilité scientifique (les radiations provenant de l'explosion d'un satellite seraient à l'origine de la résurrection des morts) et un comportement des plus inquiétants. Marche lente, agressivité, cannibalisme, crainte du feu, possibilité de les éliminer en leur tirant dans la tête, les morts vivants n'ont jamais été filmés de cette manière dans les films antérieures et La Nuit des Morts Vivants fait preuve d'une innovation sans précédent dans cette thématique, qui sera reprise dans tous les films de morts vivants à venir. Avec un tout petit budget, tourné de façon indépendante, le film de Romero explose les codes du film d'épouvante, détourne les conventions pour mieux terroriser le spectateur. Caméra qui suit au plus près les agressions (la première séquence du film, dans laquelle Barbara et Johnny sont attaqués dans le cimetière est un modèle de mise en scène), excellente idée du huis clos qui confronte divers individus en lutte pour leur survie, menace permanente qui pèse sur les protagonistes (les morts vivants à l'extérieur bien sûr mais aussi les humains à l'intérieur !), scènes d'horreur réalistes et cauchemardesques (le festin anthropophage ou la petite fille qui massacre sa mère à coups de truelle), tout participe à faire de La Nuit des Morts Vivants le premier classique de l'horreur moderne. La prise de risque est énorme de la part de Romero, qui n'hésite pas à mettre un acteur noir en vedette, chose peu répandue à l'époque ! Duane Jones, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est parfait dans le rôle de Ben et ses altercations avec Harry Cooper viendront augmenter le stress d'une situation déjà difficile à gérer. Le thème du racisme, du cloisonnement entre individus fait partie des points forts du film, Romero ayant toujours été décrit comme un marginal, un contestataire et il le prouve déjà en 1968. Nihiliste et froid, La Nuit des Morts Vivants se montrera même d'un cynisme absolu lors du final qui verra le héros se faire tirer une balle dans la tête par la garde nationale, croyant avoir affaire à un mort vivant. Nul échappatoire possible, l'invasion ne fait que commencer. Si 1968 est une année clé dans l'Histoire mondiale (mai 68 en France, assassinat de Martin Luther King suivi d'émeutes, débuts des négociations visant à mettre fin à la guerre au Vietnam, grève générale, guerre civile au Nigéria, assassinat du sénateur Bob Kennedy, explosion de la première bombe H française...), elle l'est aussi dans l'histoire du cinéma fantastique et La Nuit des Morts Vivants en est la parfaite représentation. Revu de nos jours, le public aguerri au torture porn et autres films ultra-violents aura peut-être du mal à comprendre pourquoi ce film a terrorisé une génération de spectateurs. Il ne pourra pas en tout cas lui retirer sa contribution capitale à faire émerger le courant réaliste du cinéma d'horreur, courant qui explosera durant la décennie 70 avec des films tels L'exorciste, La Dernière Maison sur la Gauche, I Spit on your Grave, La Colline a des Yeux, Massacre à la Tronçonneuse ou Zombie pour ne citer que les plus connus. La Nuit des Morts Vivants est une date a marquer d'une pierre blanche pour tout fantasticophile qui se respecte. 

NOTE : 6/6




vendredi 8 avril 2016

BURYING THE EX

BURYING THE EX
(Burying the Ex)

Réalisateur : Joe Dante
Année : 2014
Scénariste : Alan Trezza
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Anton Yelchin, Ashley Greene, Alexandra Daddario, Oliver Cooper...



L'HISTOIRE : Max décide de s'installer avec Evelyn, sa fiancée. Mais plus le temps passe, plus il s'aperçoit qu'il n'a pas vraiment de point commun avec sa dulcinée et que celle-ci, possessive et jalouse, lui impose quotidiennement son mode de vie et ne lui laisse aucune place pour ses passions. Décidé à la quitter, Max voit son projet bouleversé lorsqu'Evelyn est victime d'un accident mortel. Durant sa période de deuil, il fait la connaissance d'Olivia, charmante vendeuse de glace qui a la même passion que lui pour le cinéma d'horreur. Une nouvelle romance commence pour Max. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si Evelyn n'avait décidé de revenir du monde des morts pour faire respecter le voeu qu'elle avait fait de son vivant : vivre éternellement avec lui...

MON AVIS : Joe Dante, on ne le présente plus. Réalisateur de Piranhas, Hurlements, Gremlins, Explorers, L'Aventure Intérieure, Panic sur Florida Beach, Gremlins 2 ou Small Soldiers entre autre, il n'avait plus donné signe de vie depuis 2009 et The Hole quand, en 2014, il revient sur le devant de la scène avec ce Burying the Ex. De son propre aveu, Burying the Ex n'est pas "un grand Joe Dante" mais un film fun qu'il a eu plaisir à mettre en scène. Comédie fantastique destinée à un large public, Burying the Ex est en fait la version long-métrage d'un court réalisé par Alan Trezza, le scénariste. Disposant d'un budget étriqué et d'un délai de tournage avoisinant la vingtaine de jours, Joe Dante a donc eu peu de temps pour parvenir à mettre en scène cette love-story macabre. Il nous présente le pauvre Max (Anton Yelchin) au prise avec deux ravissantes demoiselles (Ashley Greene, échappée de la saga Twilight et la pulpeuse Alexandra Daddario et ses magnifiques yeux bleus, excusez du peu !), dont l'une a deux particularités : être son ex-petite amie et être une zombie ! Honnêtement, ce n'est pas qu'Ashely Greene me laisse indifférent (elle est craquante comme tout dans les Twilight) mais se prendre des litres de vomi dans le visage ou l'embrasser alors qu'elle a des dents pourries et des mouches qui lui tournent autour suite à un état de putréfaction qui ne cesse de progresser, très peu pour moi, la nécrophilie n'étant pas encore dans mes intentions ! Ni dans celle du héros d'ailleurs, qui ne voit pas d'un très bon œil cette résurrection d'outre-tombe ! On comprend alors aisément qu'il en pince plus pour celle qui a fait tourner la tête de Woody Harrelson (et de milliers de spectateurs masculins d'ailleurs) dans la série True Détective, à savoir Alexandra Daddario, la cousine de Leatherface dans Texas Chainsaw 3D ou la copine de Percy Jackson dans les films du même nom. La belle brune a en plus pour elle d'être une "geek" passionnée par le cinéma d'horreur, tout comme Max qui n'en revient pas d'avoir une copine qui a les mêmes passions que lui. Parce qu'avec son ex, il ne voyait pas vraiment la vie en rose. Hormis le sexe, Evelyn était une maniaque de l'écologie, du tri sélectif, connaissant tous les ingrédients néfastes à ne pas consommer et qui se permettait de repeindre tout l'appartement en vert sans rien demander à son compagnon, pliant et remisant dans un tiroir ses affiches de films fantastiques préférés, durement acheté en import ! Les lecteurs de ce blog comprendront donc aisément qu'il veuille mettre fin à une romance qui ne marche en fait que dans un sens. Ce postulat de départ permet à Joe Dante d'aligner les séquences légères façon comédie pour ados avec un certain talent et de multiplier des dialogues souvent amusants et qui m'ont fait en tout cas bien marrer. Le personnage du demi-frère de Max, interprété par Oliver Cooper (Projet X), est l'archétype même du gros lourdingue de service et il nous offrira également des scènes bien déjantées, à l'image de son plan pour éliminer la Evelyn ressuscitée. Parsemant son film de références aux séries B qu'il vénère (une télé diffuse Plan 9 from Outer Space d'Ed Wood, on aperçoit des tas de posters cultes dans le magasin de Max ou celui d'Olivia, dont la magnifique affiche française de La Nuit du Loup-Garou), Joe Dante met tout en oeuvre pour nous offrir un spectacle décérébré et plaisant, tournant le dos aux restrictions budgétaires pour se concentrer sur l'essentiel : les personnages, l'histoire et une bonne dose d'humour noir. Alors bien sûr, Burying the Ex n'a pas la trempe des anciens films de Joe Dante. Mais il se montre généreux, distrayant, franchement fun, possède une belle mise en scène et s'avère être un pop-corn movie parfait pour passer une bonne soirée un samedi soir. A ranger à côté de Warm Bodies ou Zombie Honeymoon !

NOTE : 4/6


jeudi 7 avril 2016

CONTRONATURA

CONTRONATURA
(Schreie in der Nacht / The Unnaturals)

Réalisateur : Antonio Margheriti
Année : 1969
Scénariste : Antonio Margheriti 
Pays : Italie, Allemagne
Genre : Epouvante, Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Joachim Fuchsberger, Marianne Koch, Helga Anders, Gudrun Schmidt, Giuliano Raffaelli...



L'HISTOIRE : Dans les années 20. Archibald Barrett, un riche homme d'affaire, accompagné de sa compagne Margareth et de son secrétaire Alfred, de son avocat et son épouse Ben et Vivian Taylor, se rend à Brighton afin de traiter d'une affaire délicate. Durant le chemin, la voiture qui les emmène à destination s'embourbe suite à un violent orage. Les cinq compagnons trouvent refuge dans une étrange maison. Uriat, le propriétaire, leur présente sa mère, qui reste figée à une table. Il leur explique que sa mère faisait une séance de spiritisme et que la chaîne a été rompue, la laissant figé dans "l'autre-monde". Uriat propose à Archibald Barrett et Ben Taylor de recréer une chaîne car sa mère semble être en contact avec l'âme d'une personne qui les connaît bien et qui semble réclamer vengeance...

MON AVIS : La découverte d'un film d'Antonio Margheriti est toujours un moment excitant pour moi car j'aime beaucoup ce prolifique réalisateur italien, véritable touche-à-tout ayant œuvré dans divers genres et qui a offert au cinéma d'épouvante ou d'horreur quelques classiques majeurs, tels Danse Macabre, La Vierge de Nuremberg ou Pulsions Cannibales par exemple. Avec Contronatura, film inédit en France, Margheriti mélange avec brio ambiance policière, érotisme léger et codes du film d'épouvante gothique. Le film se focalise essentiellement sur cinq protagonistes qui ont tous l'air d'avoir des choses à cacher ou qui n'ont pas l'air très "sain". Notre impression se révélera d'ailleurs corroborée par les faits et le comportements des personnages. On note par exemple une attirance palpable entre Vivian et la belle Margareth, cette dernière n'hésitant pas à tromper son mari avec Alfred, le secrétaire. On sent qu'un lourd secret pèse sur Archibaled Barrett et son avocat mais on ne sait pas de quoi il s'agit. En clair, il n'y a pas de "héros" dans Contronatura mais un ensemble de protagonistes ambigus et clairement passés dans le côté obscur de la force. La reconstitution de l'ambiance des années 20 est admirablement retranscrite par Margheriti et ce, dès le début du film, avec de très beaux décors et costumes. On s'attend presque à voir débarquer Gatsby le Magnifique dans la salle de jeux. La mise en scène est élégante et particulièrement raffinée et on sent que le réalisateur s'est investit et que ce film lui tient à cœur. On notera d'ailleurs que Contronatura est réalisé, scénarisé et produit par Antonio Margheriti. Le film bifurque dans une atmosphère fantastique et angoissante dès que les cinq protagonistes pénètrent à l'intérieur d'une lugubre demeure dans laquelle de nombreux animaux empaillés servent d'ornements muraux. On retrouve ce qui fait la qualité du cinéma d'épouvante gothique mais de manière originale puisque le film devient un huis clos intense. Pas de déambulations dans de long corridors, pas de passages secrets, pas de monstre hideux caché dans les sous-sols. Non, Contronatura éparpille les références et les codes du genre gothique autour d'une table tout simplement, dans la confrontation entre nos anti-héros et une vieille dame spirite qui va les malmener et leur rappeler leurs sombres passés. Chaque personnage va avoir droit à son flashback afin qu'on en apprenne plus sur lui et sur le rôle qu'il aurait joué dans un double-meurtre sordide que tous essaient d'oublier. A bien des égards, Contronatura préfigure le genre du giallo, non pas par ses meurtres ou sa violence graphique, totalement absente ici, mais par la façon dont il met l'accent sur la gestion des personnages, sur leur comportement ou leur déviance sexuelle (le thème du lesbianisme est très présent dans ce film, avec quelques scènes d'érotisme subtil et lascif). Contronatura peut également se rattacher au courant des films dits "de machination", le pot aux roses étant dévoilé lors d'un final généralement tendu et stressant. Ce sera bien le cas ici, avec un châtiment plutôt humide, spectaculaire et bien trouvé. On a réellement affaire à une oeuvre très intéressante d'Antonio Margheriti, qui peaufine chaque détail, chaque pièce de son puzzle et leur offre un écrin visuel splendide, recherché et délicat, l'ambiance aristocratique disséminée via les protagonistes (costumes tirés à quatre épingles, vanité, jalousie, soif de pouvoir et d'argent) ajoutant à mettre en valeur les divers éléments composant le scénario manipulateur. Une pièce majeure de la filmographie d'Antonio Margheriti à n'en point douter, envoûtante et fascinante !

* Disponible en DVD chez Artus Films

NOTE : 5/6




mardi 5 avril 2016

LE MANOIR MAUDIT

LE MANOIR MAUDIT
(Metempsyco / Metempsycose / Tomb of Torture)

Réalisateur : Antonio Boccaci
Année : 1963
Scénariste : Antonio Boccaci, Giorgio Simonelli 
Pays : Italie
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Annie Alberti, Adriano Micantoni, Marco Mariani, Flora Carosello, Emy Eco...



L'HISTOIRE : Le docteur Darnell emmène sa fille Anna passer quelques jours dans le château de la comtesse Irène, qui a disparu mystérieusement il y a plusieurs années. Le but de ce séjour est de guérir Anna, qui est en proie à de virulents cauchemars dans lesquels elle revit le meurtre présumé de la comtesse. Son père pense que faire vivre sa fille sur le lieu du drame ne pourra qu'être bénéfique pour son esprit tourmenté. Le prince Raman, qui devait épouser la comtesse, est subjugué devant la ressemblance parfaite qui existe entre Irène et Anna. Pour lui, la fille du docteur Darnell est la réincarnation de sa défunte amoureuse. Dans le même temps, deux jeunes filles qui s'étaient aventurer dans le château suite aux légendes locales sont capturées, torturées et assassinées par un être monstrueux qui vit dans les sous-sols du château...

MON AVIS : Mon premier contact avec Le Manoir Maudit date de 1990. J'avais 16 ans et pour mon anniversaire, mes parents m'ont offert le magnifique (et onéreux : 495 franc à l'époque !) livre "Affiches du cinéma fantastique" de Gérard Mangin et dans lequel figurait donc la sublime affiche reproduite ci-dessus ainsi que l'histoire du film. Je n'avais jamais eu l'occasion de le voir par la suite, je remercie donc Artus Films de m'avoir enfin permis de le visionner quelque vingt-six ans plus tard. Film d'épouvante gothique italien, Le Manoir Maudit ne donne, pour ma part, pas du tout l'impression de venir de ce pays ! En le regardant, j'avais franchement l'impression de visionner un film français ! Et pas seulement parce que le film n'est qu'en VF sur le DVD mais la façon de filmer ou la prestation de certains acteurs me rappelaient les films français. Il faut savoir que Le Manoir Maudit est un film à tout petit budget, unique réalisation d'Antonio Boccaci, et qu'il ne bénéficie d'aucune star à son générique. Mais même s'il ne peut rivaliser avec des classiques tels Danse Macabre, La Vierge de Nuremberg, Le Manoir de la Terreur ou L'Effroyable secret du professeur Hichcock par exemple, il n'en est pas moins intéressant et comporte plusieurs aspects qui en font, certes un "petit" film d'épouvante pas mémorable, mais qui mérite toutefois d'être visionné. Parmi les bons points, on citera la première demi-heure, très efficace, avec notamment le meurtre de deux jolies demoiselles dans la salle de torture du château par un être au visage difforme (très bel effet de maquillage au demeurant). L'épouvante gothique marche à plein régime dans cette première partie et tous les codes sont respectés : demoiselles en détresse, hurlements de terreur, monstre ignoble, couloirs lugubres et inquiétants, salle de torture aux éléments diversifiés, meurtres. Une entrée en matière qui nous plonge avec délice dans cette ambiance que j'adore. La suite est plus classique mais toutefois bien amenée : on a une héroïne qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une comtesse disparue (thème usuel de ce type de production), on a une gouvernante dont on ne sait pas trop si elle est du côté des gentils ou des méchants, on a un prince hindou au comportement étrange et un monstre ricanant qui connaît les passages secrets du château. L'héroïne fait des cauchemars qui concerne la comtesse disparue et ces derniers sont vraiment bien mis en scène et possèdent des idées intéressantes, comme ce chevalier en armure menaçant ou cette arbalète géante dont la flèche vient tuer cette fameuse comtesse Irène. On s'imagine alors que notre pauvre comtesse a été victime (comme bien souvent) d'une machination et on se questionne pour savoir qui pourrait être à l'origine de sa mort et quel en serait le motif. On en vient à soupçonner tout le monde, et principalement le prince, la gouvernante ou pourquoi pas le docteur Darnell lui-même. Le Manoir Maudit avait donc un réel potentiel et il est dommage que la partie centrale vienne amoindrir son efficacité. A partir du moment où un journaliste débarque pour enquêter sur la mort de deux demoiselles du début, le film s'enlise dans la lourdeur, les bons sentiments et ne s'embête plus avec la logique : il suffit qu'il croise une fois l'héroïne pour que dans la scène suivante, il l'appelle "ma chérie" et lui parle déjà de mariage ! On a du rater un épisode ou on a eu droit à une sacrée ellipse ! Cet aspect un peu "fleur bleue" de la romance, certaines situations ou comportements des personnages sont également peu sérieux et on se demande presque si on ne va pas voir débarquer soudainement Abbott et Costello, surtout que la partition musicale (gros point noir pour ma part !) en rajoute dans l'aspect "comédie" et ne correspond pas du tout à l'ambiance "film d'épouvante" qu'elle est censée illustrer. Heureusement, la dernière demi-heure reprend du poil de la bête et renoue avec l'épouvante traditionnelle, remettant le monstre ricanant en vedette et faisant la lumière sur le mystère du château et de ses occupants. Même si je m'attendais à mieux, j'ai été content de voir ce film qui mérite bien plus que l'indifférence dans lequel il a sombré. Ce n'est pas un grand film d'épouvante, ce n'est pas du Mario Bava, ni du Riccardo Freda ou du Massimo Pupillo mais ses défauts sont compensés par de bonnes idées (les apparitions spectrales de la comtesse par exemple) et par une photographie plus que réussie, auquel s'ajoute un charme rétro qui en font au final un film éminemment sympathique à défaut d'être original ou génial. En tout cas, voir un monstre au visage ravagé exultait en pensant aux tortures qu'il va commettre sur des jolies filles attachées, ça vaut bien un point de plus ! A découvrir donc en ayant à l'esprit qu'on a affaire à une petite rareté un peu fauchée, qui ne révolutionne pas le cinéma d'épouvante mais qui possède un charme certain malgré ses petits défauts de rythme.

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS 

NOTE : 4/6



lundi 4 avril 2016

PHANTOM OF THE PARADISE

PHANTOM OF THE PARADISE
(Phantom of the Paradise)

Réalisateur : Brian de Palma
Année : 1974
Scénariste : Brian de Palma
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Film musical
Interdiction : /
Avec : Paul Williams, William Finley, Jessica Harper, Gerrit Graham, George Memmoli...



L'HISTOIRE : Le compositeur Winslow Leach vient d'écrire une cantate sur le thème de Faust. Sa création attire l'attention de Swan, célèbre producteur de la maison de disques Death Records, qui rêve d'ouvrir Le Paradise, un temple de la musique rock. Ce dernier vole la partition de Leach et envoie le pauvre compositeur à la prison de Sing Sing où il perd sa voix. Leach parvient à s'échapper et va tout tenter de reprendre son oeuvre. Un accident le défigure et il est laissé pour mort. Mais sa détermination est sans limite. Leach va se transformer en ange exterminateur et, vêtu d'un masque, il va semer la terreur au Paradise, jusqu'à ce que Swan lui propose un contrat et le laisse choisir la muse qui chantera sa cantate : Phoenix. Mais Swan est-il vraiment un homme de confiance ?

MON AVIS : Depuis quelques années déjà, la majorité des scénaristes n'a plus de génie créatif et le fan de cinéma fantastique ou d'horreur croule sous une invasion de remake se contentant de reprendre les idées des films originaux sans réellement faire un travail d'adaptation pour se montrer un brin imaginatif et se différencier du modèle. Tous les "remakers" devraient sans hésiter visionner Phantom of the Paradise. Le roman de Gaston Leroux, Le Fantôme de l'Opéra, a été adapté au cinéma en 1925, puis en 1943 et en 1962. En 1974, Brian de Palma se lance lui aussi dans la réalisation d'une nouvelle version de cette histoire. La différence avec les autres ? Il explose totalement les codes, les clichés et plutôt que de faire une énième variation sur le schéma d'un film d'épouvante classique, il prend le contre-pied total de ce qui a été fait et transforme cette histoire de compositeur vengeur en un formidable opéra-rock qui fourmille de mille idées de génie. Phantom of the Paradise ne se contente pas de copier, de reproduire, d'user de la facilité. Non, Phantom of the Paradise propose, innove, transcende la notion même de remake. L'idée géniale de De Palma de mêler film musical, opéra rock et fantastique, de mélanger le thème du fantôme de l'Opéra avec celui de Faust et du Portrait de Dorian Gray permet à Phantom of the Paradise de dynamiter les conventions et d'offrir aux spectateurs qui n'en reviennent pas un divertissement de tous les instants, qui donne la banane et nous plonge dans un moment extatique qu'on voudrait voir durer éternellement. Le casting est aux petits oignons, avec notamment Paul Williams dans le rôle de Swan, William Finley dans le double-rôle de Winslow Leach et du Fantôme ou encore Jessica Harper dans le rôle de Phoenix (et qu'on reverra dans le génial Suspiria de Dario Argento). Ce trio magnifique, ce triangle amoureux infernal porte littéralement le film dans les hautes sphères mais tous les seconds rôles ne sont pas en reste, que ce soit Gerrit Graham dans le rôle du déjanté Beef, George Memmoli dans le rôle de l'imprésario de Swan ou les membres des groupes inventés The Juicy Fruits / The Beach Bums ou The Undeads. Bien sûr, un film musical ne serait rien sans ses musiques et ses chansons et celles de Phantom of the Paradise sont au diapason de l'ensemble et procurent un plaisir toujours intact de nos jours. La mise en scène de De Palma est dynamique, inventive, avec utilisation du split-screen bien sûr, sa marque de fabrique, et permet au film d'atteindre des moments de folie totale, comme lors du show de Beef, véritable hommage à Frankenstein, avec ce public qu'on mutile pour de faux afin d'avoir les différentes parties du corps qui vont servir à créer ce rockeur déjanté et qui se conclura de façon apocalyptique. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autre, le film regorgeant de séquences cultes. Cette proposition vivifiante de De Palma n'est pas exempte d'une certaine critique vis à vis du monde du show-business et Swan représente le parfait manipulateur, ne voyant que son intérêt financier et personnel, n'hésitant pas à sacrifier ses vedettes si cela plait au public et permet de rentabiliser son entreprise. Que dire d'autre sur ce monument détonnant et ravageur ? Franchement, ceux qui ne l'ont jamais vu se doivent de le faire séance tenante, les autres n'hésiteront pas à se replonger dans ce délire musical tonitruant qui reste d'une étonnante modernité malgré son aspect kitsch, ses couleurs éclatantes très pop ou ses costumes hippies. Inclassable, indémodable, une oeuvre-référence.

NOTE : 6/6


dimanche 3 avril 2016

LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN

LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN
(Bride of Frankenstein)

Réalisateur : James Whale
Année : 1935
Scénariste : William Hurlbut, Edmund Pearson, Morton Covan
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Boris Karloff, Colin Clive, Valérie Hobson, Ernest Thesiger, Elsa Lanchester...



L'HISTOIRE : Par un soir d'orage, la jeune Mary Shelley décide de raconter à son fiancé et à son ami le Lord Byron la suite de Frankenstein, l'histoire d'horreur qu'elle a écrite il y a peu. Rescapé de l'incendie qui a ravagé le moulin, le monstre créé par Henry Frankenstein est arrêté par le bourgmestre et la population et mis en prison. Il parvient à s'échapper et trouve refuge dans la forêt auprès d'un vieil ermite aveugle qui lui apprend à parler. Dans le même temps, Henry Frankenstein reçoit la visite du docteur Prétorius. Ce dernier lui apprend qu'il a lui aussi découvert le secret de la vie et qu'il désire devenir associé pour parfaire son grand projet : créer une femme de toute pièce et lui donner la vie...

MON AVIS : Il aura fallu attendre quatre années pour que James Whale donne une suite à son Frankenstein, chef-d'oeuvre du cinéma d'épouvante réalisé en 1931. C'est donc en 1935 que débarque La Fiancée de Frankenstein, délaissant au passage l'épouvante pure du premier film pour une ambiance plus "fantastique", voire même poétique. Après une ingénieuse séquence d'introduction nous présentant Mary Shelley elle-même (interprétée par Elsa Lanchester, femme de Charles Laughton et qui a ici un double-rôle puisqu'elle sera également la créature femelle) et nous rappelant brièvement les points clés du film de 1931, La Fiancée de Frankenstein démarre là où Frankenstein s'était terminé, à savoir à la fin de l'incendie du moulin. On retrouve avec un plaisir intense Boris Karloff dans le rôle de la créature, toujours aussi magnifiquement maquillé par Jack Pierce. Colin Clive dans le rôle d'Henry Frankenstein est également de la partie et si on pensait que les exactions causées par sa créature lui avait fait reprendre raison, l'apparition d'un nouveau savant fou, le docteur Pretorius, va le faire replonger dans la science interdite. Visuellement magnifique, La Fiancée de Frankenstein aligne les séquences d'une beauté picturale certaine, comme celles dans lesquelles le monstre se promène dans la forêt par exemple. Ce dernier nous apparaît encore plus émouvant que dans le film précédent et la méchanceté de la population vis à vis de lui nous le font prendre encore plus en empathie. Sa rencontre avec l'ermite aveugle est fort touchante et nous donne une belle leçon d'humanité, ce dernier ne pouvant juger la créature sur son apparence physique. Tout comme le premier film, le titre même de La Fiancée de Frankenstein peut à nouveau prêter à confusion puisque cette fameuse fiancée peut être celle d'Henry Frankenstein (interprétée non plus par Mae Clarke mais par Valérie Hobson), que le monstre a kidnappé afin de le forcer à lui donner... une fiancée, pour ce qui sera le point d'orgue de ce chef-d'oeuvre. Impossible en effet de ne pas garder à l'esprit l'image d'Elsa Lanchester toute de blanc vêtue et possédant une coupe de cheveux immédiatement identifiable. Impossible également d'oublier son cri de terreur quand son "fiancé" s'approche d'elle, imitant sans le vouloir l'attitude des villageois et rejetant donc notre pauvre Boris Karloff qui comptait bien sur elle pour ne plus être seul. Une rencontre assez courte dans le film en fait mais qui reste parmi les plus puissantes du cinéma fantastique. Plus humaine, plus touchante, plus maîtrisée, possédant même de l'humour, cette suite à Frankenstein peut se targuer de faire partie de la courte liste des suites supérieures au film original. Une véritable pépite, la plus célèbre de l'âge d'or du cinéma fantastique des années 30. Mise en scène, direction d'acteur, effets-spéciaux (les petites créatures du docteur Pretorius, excellentes), musique, décors, maquillages, casting, photographie et j'en passe, tout est au diapason et confère à faire de La Fiancée de Frankenstein l'un des plus beaux films fantastiques au monde. A l'époque du numérique, ça fait du bien de revoir ce genre de merveille...

NOTE : 6/6