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mercredi 24 août 2016

CHARLEY LE BORGNE

CHARLEY LE BORGNE
(Charley One-Eye)

Réalisateur : Don Chaffey
Année : 1973
Scénariste : Keith Leonard
Pays : Angleterre, Etats-Unis
Genre : Western, Drame
Interdiction : -16 ans
Avec : Richard Roundtree, Roy Thinnes, Nigel Davenport, Aldo Sambrell...


L'HISTOIRE : Ben, un soldat noir, tue son officier et déserte l'armée. Perdu en plein désert, il rencontre un indien boiteux qui a pour seul ami des poules, dont une en particulier qu'il a baptisé "Charley le borgne". Si au départ les relations sont tendus entre les deux hommes, Ben affirmant son autorité et se comportant comme un chef, plus le temps passe et plus ils vont apprendre à se connaître et à s'apprécier. Ce que Ben ignore, c'est qu'un chasseur de primes est à ses trousses...

MON AVIS : Il y a des fois comme ça où vous ne vous attendez à rien de plus qu'à passer un bon moment devant votre écran en appuyant sur le bouton "play" de votre télécommande de lecteur DVD. Et puis vous tombez sur un film qui, malgré son apparence anodine, vous touche, vous émeut, vous surprend. La vision de Charley le Borgne a eu cet effet sur moi. Je n'en attendais rien en particulier. J'avais repéré le nom du réalisateur qui ne m'étais pas inconnu, Don Chaffey étant quand même la personne qui nous a offert Jason et les Argonautes en 1963, Un Million d'Années avant J.C. en 1966 ou le sympathique film pour enfant Peter et Elliot le Dragon en 1977, en plus d'avoir réalisé pas mal d'épisode de séries-télévisées, notamment pour Le Prisonnier, Chapeau Melon et Bottes de Cuir période Linda Thorson (Tara King) ou Charlie et ses Drôles de Dames. Présent au générique, le nom de Roy Thinnes a également aiguisé ma curiosité, l'acteur étant le célèbre David Vincent de la série culte Les Envahisseurs. A part ça, la lecture du scénario ne m'a pas transcendé plus que ça mais, fidèle à ma philosophie, j'ai commencé la vision du film sans aucun a priori, laissant sa chance à chaque oeuvre que je visionne, n'accordant aucune importance aux avis positifs ou négatifs des autres spectateurs. A l'arrivée, surprise totale ! Charley le Borgne est un authentique ovni cinématographique, bien différent de ce qu'on a l'habitude de voir. Pas sûr que le film plaise à tout le monde tant il sort des sentiers battus et s'avère hors-norme. Déjà, le casting est réduit comme une peau de chagrin : trois acteurs vedettes plus quelques figurants qui apparaissent par-ci par-là. Et encore, quand je dis trois acteurs vedettes, on pourrait presque dire deux et demi car le troisième, Nigel Davenport, qui interprète le chasseur de primes, doit apparaître vingt minutes à l'écran au grand maximum. En fait, Charley le Borgne repose sur les épaules de ses deux personnages, à savoir Ben le soldat noir et l'Indien boiteux, interprété respectivement par Richard Roundtree (vu dans Shaft et Les nouveaux exploits de Shaft en 1971 et 1972) et donc Roy Thinnes. La rencontre des ces deux protagonistes pittoresques va servir de porte d'entrée pour le spectateur à un spectacle un peu hors du temps, suivant avec étonnement puis amusement leur parcours de ces deux êtres que tout oppose. Le film est extrêmement contemplatif, normal avec juste deux personnages à l'écran, et il ne faut pas chercher à voir de l'action car, malgré sa classification dans le genre western, vous ne verrez ni gunfights, ni poursuite à cheval, ni shérif, ni cavalerie, ni je ne sais quoi encore. Juste deux paumés qui vont se découvrir, s'appréhender puis développer un lien réciproque d'amitié et de respect, ce qui n'était pas gagné au départ. Très habile dans sa construction, le film de Don Chaffey développe des thèmes forts, comme la racisme, la haine de l'étranger, la solitude, l'amitié. Le personnage de Ben est d'ailleurs des plus intéressants car il s'est engagé dans l'armée "pour pouvoir tuer des blancs". Une rancœur solide certainement ancré en lui depuis l'esclavage. Sa rencontre avec l'Indien va lui donner l'occasion de renverser les valeurs et de devenir "le tyran", usant de sa force (et surtout de son arme) pour obliger ce dernier à accomplir tout ses désirs et en faire son "boy". Si Ben nous apparaît comme antipathique, brimant l'Indien qui ne demande rien à personne et passe son temps à causer à son poulet borgne, notre ressneti vis à vis de lui va évoluer car son attitude va changer au fil de l'aventure, et de jolis sentiments vont venir s'imbriquer dans cette relation au départ à sens unique, qui va évoluer vers une belle histoire d'amitié, qui s'avérera fort touchante vers la fin. Le racisme est également évoqué à travers le personnage du chasseur de primes, qui, lui, déteste clairement les noirs. Il n'hésitera d'ailleurs pas à attacher Ben la tête à l'envers et à le fouetter par pur plaisir sadique. Charley le Borgne contient quelques séquences de violence assez crue, héritées du western italien, comme la terrible scène de lapidation, qui ne prête pas à sourire. Quelques excès de cruauté qui tranche avec l'humanisme de nombreuses scènes présentes au sein du film, la plus tendre étant la relation entre l'Indien et son poulet. On en arrive même à se trouver ému face à la mort de ce dernier (merde, c'est qu'un poulet quand même !). Et que dire du final tragique, nihiliste, dans lequel la violence va venir rattraper les deux amis qui avaient élus domicile dans une petite chapelle abandonnée, paisible havre de paix qui ne va pas le rester longtemps. Charley le Borgne est vraiment un film à part, c'est un western totalement atypique, parfois presque surréaliste dans son approche. Il est tellement "autre" qu'il en devient fascinant, quasi hypnotique. Une belle découverte qui ne laissera personne indifférent. Ne démériterait pas de faire partie des films "culte", ne serait-ce que par la prestation à contre-courant de Roy Thinnes.

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS

NOTE : 5/6


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